Peinture à Montpellier : Jean Ranc au Musée Fabre

JEAN RANC - UN MONTPELLIÉRAIN À LA COUR DES ROIS

JEAN RANC (1674-1735), UN MONTPELLIÉRAIN À LA COUR DES ROIS

26 janvier 2020-26 avril 2020

Cet hiver, le musée Fabre présente la première exposition consacrée à Jean Ranc, peintre né à Montpellier en 1674 et qui accomplit une carrière internationale, entre Paris et Madrid. Spécialisé dans le portrait d’apparat, Jean Ranc développa un langage pictural fait d’élégance et de raffinement, pour servir le prestige de ses commanditaires.

D’abord formé dans l’atelier montpelliérain de son père Antoine, Jean gagne Paris en 1696 pour devenir collaborateur de Hyacinthe Rigaud. Reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1703,  il expose un ensemble de onze tableaux au Salon de 1704. Ses clients apprécient la beauté de ses tissus, la brillance de ses moirures et le charme de ses couleurs. Sa renommée lui permet d’exécuter le portrait de grands seigneurs tels que Joseph Bonnier de la Mosson, et même des personnages de rang royal, comme le jeune Louis XV ou le Régent Philippe d’Orléans.

Sa carrière devient internationale lorsqu’en 1722, il est appelé par le roi d’Espagne Philippe V, petit fils de Louis XIV, pour devenir le portraitiste officiel de la cour. L’artiste exécute ainsi les effigies du roi, de la reine, des infants et infantes de la cour d’Espagne, et devient le témoin des échanges matrimoniaux et diplomatiques entre la monarchie française et espagnole.

Grâce aux prêts d’institutions prestigieuses telles que le Musée du Prado, le Patrimonio Nacional, le Musée national de Stockholm ou le Musée du château de Versailles, l’exposition permet de révéler le talent de l’auteur du très célèbre Vertumne et Pomone du musée Fabre. Avec le concours de nombreux collectionneurs particuliers, l’exposition révèle un très bel ensemble d’œuvres inédites.

Aigues Mortes

Les parcours lumineux du musée Fabre

Certes, l’article date un peu mais il donne une idée de la diversité de ce Grand musée!

https://www.lesechos.fr/2007/02/les-parcours-lumineux-du-musee-fabre-521589

Montpellier est un bon exemple de la façon dont une vieille institution peut retrouver fierté et dynamisme. Georges Frêche, inépuisable entrepreneur et président de la Communauté d’agglomération de Montpellier, laquelle a financé 75 % du coût total de l’opération, estimé à 62 millions d’euros, ne peut que s’en féliciter. Mais au-delà de l’investissement, c’est la stratégie qui compte. La bonne idée est d’avoir su rallier au projet deux artistes contemporains majeurs : Daniel Buren, qui réinvente l’entrée du musée depuis l’esplanade Charles-de-Gaulle, et Pierre Soulages, qui effectue une donation de vingt tableaux, pour lesquels est conçu un espace spécifique. Le pari est aussi de conduire une réhabilitation-extension complète qui apporte souffle et cohérence au musée en lui permettant à la fois d’étendre ses collections et de mieux accueillir le public.

Composé de bâtiments de différentes époques et de cinq cours enchâssées dans la ville, le vieux musée Fabre manquait par trop de lisibilité. Le projet mené conjointement par l’agence Brochet-Lajus-Pueyo de Bordeaux et l’atelier Nebout de Montpellier lui redonne une unité au travers d’un parcours fluide guidé par la lumière et respectueux de l’identité de chacun des bâtiments.
Clef du projet, la position du nouveau hall creusé sous la cour Bazille permet de différencier clairement les parcours. En amont se déploient les espaces en libre accès : la boutique et le centre de documentation ainsi que l’auditorium, le restaurant et l’espace Médiation, organisés autour de la cour Vien. En aval, deux options sont proposées : soit la visite de la collection permanente amorcée à partir d’un vaste atrium sous verrière, soit l’accès direct à la grande salle d’expositions temporaires creusée sous la cour Bourdon, de plain-pied avec le hall.

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La collection permanente s’organise ainsi au fil des bâtiments existants, depuis l’hôtel de Massilian, enclave historique du musée fortement remaniée au XIXe siècle, jusqu’à l’ancien collège de jésuites datant du XVIIe siècle. Tout au long de cette boucle historique, le travail des architectes a consisté à restituer les volumes et les ambiances d’origine, en particulier dans la suite magistrale de la salle du Jeu de paume, la salle des Griffons et la salle des Colonnes, mais aussi dans les anciens appartements des Fabre, reconquis pour l’occasion. Au-delà de la restitution, la gageure a été de mettre en place les chaînons manquants pour fédérer le parcours, par exemple avec la création de trois nouvelles salles dans l’ancienne bibliothèque. Respectueuse du bâti, l’intervention l’est tout autant des oeuvres avec un parti pris de discrétion dans les prescriptions, optant notamment pour une résine gris mat au sol et des parois ton sur ton. « Nous avons choisi de faire disparaître les murs avec une dématérialisation sol-paroi-plafond, tous du même ton gris clair. Les oeuvres apparaissent accrochées de la manière la plus élégante, comme en lévitation. L’espace est révélé par la lumière, vrai fil conducteur du musée », commente Emmanuel Nebout.
Un cocon de verre et de béton
L’objectif est d’obtenir des ambiances continues, avec une diffusion égale de la lumière naturelle et de la lumière artificielle. Selon les configurations des salles, plusieurs dispositifs ont été mis en oeuvre : plaques de verre diffusantes, puits de lumière, rails suspendus… Parmi les plus réussies, la salle Courbet campe sous un immense puits de lumière qui fait quasiment disparaître le plafond : « Une sorte d’abat-jour hypertrophié permet une diffusion le plus naturelle possible », note Emmanuel Nebout.
Au fur et à mesure, tous les bâtiments sont mis en relation. Les différentes séquences sont reliées entre elles par des passages bien identifiés, entièrement habillés de bois sombre de wengué, qui accueillent les circulations verticales, les aires de détente ou les espaces multimédias. « Ces scansions apportent des repères à petite échelle dans le dispositif. Elles sont conçues à l’image de mobilier tels des seuils ou des coins en bois », fait valoir Olivier Brochet.

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La collection trouve ses aises dans les nouveaux espaces, avec des surfaces d’exposition plus que doublées. Point d’orgue du parcours, l’aile contemporaine, dédiée aux oeuvres de Soulages, se dresse au fond de la cour Bourdon, sous laquelle est logée la salle d’exposition temporaire. L’équerre bâtie ainsi constituée en regard du pignon de l’église Notre-Dame-des-Tables se distingue par son traitement contemporain radical, entre minimalisme et abstraction. Le sol de la cour est composé de bandes alternées de marbre de Carrare et de lés de verre qui dessinent un parterre parfaitement réglé. La paroi du bâtiment créé prend la forme d’un mur de lumière. « Nous avons travaillé le thème de la lumière jusqu’à faire disparaître le mur », explique Emmanuel Nebout.
Laiteuse de jour et irradiante la nuit, la présence magique de cette cimaise grandeur nature est en réalité due à une double paroi de verre assujettie à une charpente métallique parcourue de tubes fluorescents. A l’extérieur, des plaques de différentes dimensions en verre « bullé » créent un grand motif en relief. A l’intérieur, des panneaux réglés en verre extraclair procurent un effet de calque aux nuances changeantes. Pierre Soulages, qui avoue avoir eu quelques doutes au départ, a laissé faire les architectes et s’estime aujourd’hui très satisfait. Ses grands tableaux noirs suspendus au plafond trouvent leur place exacte dans ce cocon de verre et de béton calibré sur mesure. Tenu de A à Z dans ses parties historiques comme dans son extension contemporaine, le musée Fabre met ainsi l’architecture en sourdine pour prendre le parti des oeuvres.

FLORENCE ACCORSI

Cathédrale Saint Pierre à Montpellier

Devenue Cathédrale en 1536 lorsque l’archevêché de Maguelone a été transféré à Montpellier, Saint-Pierre était à l’origine la chapelle du monastère bénédictin de Saint-Benoît.

A voir absolument : le porche, un imposant baldaquin soutenu par d’énormes piles circulaires de 4,55 m de diamètre qui portaient autrefois les armoiries d’Urbain V, étudiant et enseignant à Montpellier, puis nommé évêque avant d’être élu pape en Avignon (1362).

Exemple représentatif du gothique méridional, c’est la seule église médiévale de l’Ecusson ayant survécu aux guerres de religions.

A l’intérieur, une œuvre majeure de Sébastien Bourdon (voir le détail sur une autre page) vous entraîne dans la vie artistique montpelliéraine du XVIIe siècle.

Tableau de Bourdon dans la Cathédrale de Montpellier

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Après le retour de la ville sous l’autorité royale, le chapitre de Saint-Pierre passa commande d’un grand tableau d’autel au peintre Sébastien Bourdon (1616-1671), protestant converti, issu d’une famille d’artisans de Montpellier. Peintre renommé, membre de l’Académie royale de peinture, Bourdon prit  pour thème – à moins qu’il lui ait été imposé – un épisode des Actes des Apôtres (VIII, 9-24) rarement illustré par les peintres : la chute de Simon le magicien. Fameux parmi les Samaritains pour ses sortilèges, Simon, comme beaucoup d’entre eux, s’était fait baptiser. Lors de la venue de l’apôtre Pierre en Samarie, il voulut recevoir l’Esprit Saint en échange d’argent dans l’espoir de pouvoir, lui aussi, faire des miracles. Pierre refusa et le maudit pour avoir voulu acheter « le don gratuit de Dieu ». Le Concile de Trente avait condamné sévèrement le commerce des valeurs spirituelles et à Montpellier, au lendemain des violences religieuses, le thème choisi par Bourdon symbolisait clairement la victoire de la papauté sur l’hérésie, mais aussi la condamnation des pratiques qui l’avaient suscitée. Dans une composition novatrice et très virtuose, qui ordonne la scène en strates de plus en plus larges, Bourdon s’est représenté lui-même parmi une trentaine de témoins de la punition de Simon, qui, sous les yeux de l’empereur Néron, échoue à s’élever au ciel, comme l’avait fait Jésus. Malgré le scandale qu’il provoqua, le  tableau demeura longtemps au-dessus du maître-autel, jusqu’à ce que la transformation du chœur impose son déplacement.  C’est dans le transept droit qu’on peut aujourd’hui l’admirer, privé malheureusement de son spectaculaire cadre doré.

Sébastien Bourdon (1616–1671), peintre montpelliérain

1658 Huile sur toile 6,50 x 4,70 m