Crapahuter sur le plateau du Contadour, à quelques encablures de Banon, est une expérience qui se veut mémorable. Il y a d’abord la quiétude de ces grands espaces qui semble ignorer le temps qui passe ; il y a ensuite ce décor encore marqué par la solitude qui animait au siècle dernier les bergers qui y coulaient des jours empreints de rudesse ; il y a encore cette végétation, qui certes a évolué depuis la grande période pastorale, mais qui conserve un aspect quasi originel ; il y a enfin ces bergeries, dont les vieilles pierres continuent de raconter des histoires… après avoir été de furieuses sources d’inspiration de Jean Giono.
Nous sommes ici, en effet, au coeur de son univers. De ces “paysages fantastiques, d’une beauté tragique et lyrique extraordinaire” qu’il décrit notamment dans Le Hussard sur le toit et qu’il immortalisera plus tard, lors des mémorables scènes de Crésus, tourné in situ en 1960, avec Fernandel dans le rôle de Jules. Mais pour le rejoindre, il faudra avaler les virages serrés de la D950 puis de la D5 qui relie Banon à ce village perdu qu’est Redortiers – Le Contadour. On dépassera la mairie, poursuivra en direction du “Trait “, où l’on laissera notre véhicule sur l’aire aménagée, pour mettre le cap sur “Tinette”. Les 700 m que nous allons remonter constituent une excellente mise en jambes, avant d’être invité, une fois la ferme laissée sur notre droite, à cheminer sur une piste caillouteuse ; puis à suivre le GR de Pays (balisage rouge/jaune) et le sentier étroit qui s’élève assez sèchement pour débouler sur un champ de lavande dont on appréciera les vagues bleues en été avec en toile de fond le Mont Ventoux.