«Je sais avec certitude que j’ai le sens des couleurs, la peinture dans la peau», écrivait-il de La Haye à son frère Théo en 1882. «Toutefois, renchérissait-il un an plus tard, je m’efforce de ne pas donner trop de détails, car ils effacent la rêverie».
Bien évidemment on associe Van Gogh et une partie de son œuvre picturale au Sud de la France, aux villes d’Arles et de Saint Rémy de Provence.
On le sait moins, Van Gogh est bien venu aux Saintes Maries de la mer; il a traversé durant cinq heures, en diligence: “des vignes, des landes, des terrains plats comme la Hollande”dira t-il.
Vincent découvre le village : « Je ne crois pas qu’il y ait 100 maisons dans ce village ou dans cette ville. Et encore quelles maisons, comme dans nos bruyères et tourbières de Drenthe. Le principal édifice après la vieille église, forteresse antique, est la caserne ».
Il prend pension dans une petite auberge et se met vite au travail. Comme à son habitude, il se promène, cherche les motifs à peindre ou dessiner…
Dans une lettre à Théo, il disait sa crainte que le vent ne l’empêche de travailler dehors, mais en fait il peindra rapidement les trois toiles qu’il a amenées avec lui et réalisera plus d’une dizaine de dessins
En 1888, des Saintes Maries de la Mer, Van Gogh «cherche à exagérer l’essentiel, à laisser exprès le banal dans le vague».
Il avait hâte de voir la mer, la plage le ravit : « Sur la plage toute plate, sablonneuse, de petits bateaux verts, rouges, bleus, tellement jolis comme forme et couleur qu’on pensait à des fleurs ».
Le Midi l’amène à intensifier les tons de sa palette. Vincent écrit dans une lettre à sa sœur Willemien le 30 Mars 1888 : ” Je ne regrette pas moi-même d’être venu ici, car je trouve que la nature y est incroyablement belle, …Tu comprendras que la nature du midi ne peut pas être peinte précisément avec la palette par exemple de Mauve, qui appartient au Nord, et qui est du reste un maître du gris. Mais la palette d’aujourd’hui est absolument riche en couleurs – bleu ciel, rose, orangé, vermillon, jaune vif, vert clair, violet. Mais en intensifiant toutes les couleurs, on retrouve le calme et l’harmonie. ”
A regarder ce dernier tableau, c’est déjà presque du Fauvisme!