Escapade Sètoise

La mer d’un côté, l’étang de l’autre, entre les deux de jolis canaux… Et pourtant “l’île singulière” n’a rien de balnéaire. Car, même hors saison, le premier port de pêche du littoral français est toujours en effervescence.

En descendant au-delà de Montpellier, jusqu’à Sète, on s’attendait à retrouver l’atmosphère des stations balnéaires de notre enfance : du béton, des promenades saturées de marchands de glaces et de manèges, et des plages aménagées. Mais Sète ne ressemble ni à Palavas ni à La Grande-Motte. “L’île singulière”, comme l’avait baptisée Paul Valéry, enserrée entre la mer et l’étang de Thau, est avant tout un port de pêche, le premier du littoral français méditerranéen. Ses chalutiers, ses thoniers, sa criée en font une ville « travailleuse » et vivante. Une ville culturelle aussi, dont les canaux, les vieux quartiers de pêcheurs et les ruelles lumineuses continuent d’inspirer artistes et cinéastes.Depuis les halles, par le passage du Dauphin, on arrive le long du canal Royal, où s’alignent des centaines de bateaux de pêcheurs colorés. Les petits en repèrent même un qui a coulé à pic. C’est là qu’en août, à la Saint-Louis, ont lieu les fameux tournois de joutes. Perché sur un bateau, un jouteur protégé par un pavois (bouclier) tente de faire tomber l’adversaire à l’eau avec sa lance. La tradition remonte au Moyen Age, mais continue d’attirer locaux et touristes. La promenade le long du quai de la Marine, bordé de restaurants et de boutiques, est agréable. Au pont de la Savonnerie (2), embarquement immédiat dans l’un des bateaux de Sète Croisières, pour découvrir la ville au fil de l’eau. Le Canauxramapour une visite des canaux en passant sous les neuf ponts, ou L’Aquarius, qui sort en mer.

Retour face à la criée (3), devant laquelle une trentaine de chalutiers déchargent des cageots de poissons. De l’extérieur, cet immense hangar ne ressemble pas à grand-chose. C’est à l’intérieur que le ballet se joue, et que défilent bacs de dorades, de rougets, de seiches – il se vend jusqu’à 700 lots par heure aux enchères. Dommage, les acheteurs ne crient plus à l’ancienne, mais appuient simplement sur un bouton pour passer commande – la criée sétoise a été la première d’Europe à être informatisée.

Direction : “La Mamma”. Comme attiré par le clocher de la décanale Saint-Louis (4), qu’on aperçoit depuis les quais, on quitte le bord de l’eau pour rejoindre le Quartier haut. L’ancien fief des pêcheurs « marins » a gardé le charme d’antan, ses ruelles étroites, ses petites maisons de deux étages aux façades roses et jaunes. On s’arrête place de l’Hospitalet, devant l’opulente sculpture de Richard Di Rosa  : La Mamma. C’est face à cette femme pulpeuse aux lèvres charnues que l’on s’arrête pour dîner de quelques tapas, au café Le Social  : un bar de copains, fief d’une des sociétés de jouteurs sétoises, où l’ambiance est à la fois populaire et branchée.

article du Monde https://www.lemonde.fr/m-voyage-le-lieu/article/2016/02/16/deux-jours-a-sete-la-bouillonnante_4866317_4497643.html